Citation du jour 13-12-19

« Lorsqu’il se trouve en présence d’un problème à résoudre, l’analyste fait appel à ses connaissances théoriques et techniques en même temps qu’à la connaissance de ses propres réactions. Sa technique analytique de libre association pour soi-même lui sert d’abord à reconnaître les résistances qu’il peut rencontrer en lui-même à l’égard de tel patient, ou de telle problématique momentanée. Elle lui sert aussi à reconnaître ce qui se répète en lui, ou entre son patient et lui, déjà connu et possiblement analysé par lui-même. La répétition est à ce point, répétition à la fois du même et du nouveau. C’est dans cet intervalle de différence que joue le passage du désir entre soi et l’autre. Le plaisir difficile, retrouvé à cet instant, de jouir de soi-même devenant autre en une infime proportion. Le fonctionnement libidinal du Moi permet de s’ouvrir à la curiosité envers soi-même d’abord, afin de rester disponible à des formes extérieures nouvelles dont le problème actuel est peut-être un effet. »
Annie Anzieu
Le psychanalyste dans son fauteuil
Citation du jour 12-12-19

Comment devient-on psychanalyste de nos jours ? (…]
Être psychanalyste n’est pas seulement écouter des patients et tenter de leur fournir les réponses appropriées, c’est aussi s’essayer et dire de soi, sous forme d’une vérité générale, quelque chose- à la fois contenu et démarche- que l’on a découvert dans sa propre psychanalyse et vérifié dans certaines cures que l’on mène. Là où les groupements de psychanalystes stimulent et accueillent ce dire, la psychanalyse reste vivante et féconde par delà la mort de son créateur. Une formation et une pratique réussies sont celles non seulement qui guérissent les souffrances névrotiques mais aussi qui lèvent les inhibitions de la pensée, qui favorisent les rapprochements novateurs. L’histoire de la psychanalyse me semble être autant celle de la créativité toujours continuée des psychanalystes que celle des métamorphoses indéfinies de la résistance à l’investigation de l’inconscient et au changement maturatif. »
Didier Anzieu
Devenir psychanalyste aujourd’hui, 1976
Citation du jour 11-12-19

La capacité d’avoir des origines
» J’oserai un néologisme : celui d’originable. Ainsi se qualifie toute chose, toute réalité, tout processus et toute pensée auxquels est conférée la capacité d’avoir des origines […]. La plupart du temps, les productions de notre vie psychique portent en elles et avec elles la marque de la « qualité des origines ». Ainsi en est-il du rêve : son origine est spécifique; elle est complexe, et cela va de soi pour chacun de nous, si nous allons bien. »
Paul-Claude Racamier
Le Génie des origines, Psychanalyse et psychose
Citation du jour 09-12-19

Le psychanalyste et le détective
« On nous reprochera peut-être de confondre le travail du psychanalyste avec celui du détective, mais plus on se familiarise avec le travail aussi difficile qu’intéressant de la psychanalyse, plus on s’aperçoit que les rapprochements que nous sommes obligés de rechercher entre les signes visibles des conflits de nos malades et leurs origines représentent aussi bien le travail du déchiffrage des hiéroglyphes que celui des recherches compliqués et par des voies bien détournées du détective. Freud explique d’une manière très originale, pittoresque, cette part intuitive dans le travail psychanalytique. »
Sophie Morgenstern
Psychanalyse infantile
Citation du jour 08-12-19
Les symptômes du patient… objets transitionnels pour l’analyste …

H. Searles part de l’hypothèse suivante : « Les symptômes du patient finissent par prendre la signification d’objets transitionnels pour l’analyste (comme ils ont fini par la prendre pour le patient). Donnant quelques exemples pour ‘prouver’ son hypothèse, il écrit : » Il y a tout d’abord l’expérience subjective de l’analyste qui sent que les symptômes du patient lui permettent indirectement, en quelque sorte, d’avoir un effet significatif sur le patient, alors qu’avant il s’était senti impuissant à exercer un effet direct quelconque sur lui, et surtout à le soulager de ses symptômes. Autrement dit, il sent maintenant qu’il s’identifie partiellement aux symptômes du patient, et c’est pour nous tous une expérience clinique assez familière, je crois, que de constater que les symptômes du patient non seulement créent ces significations transférentielles sadomasochistes évoqués plus haut, mais aussi représentent le lien de dépendance mère-nourrisson entre le patient et l’analyste.
Harold Searles, « Le contre-transfert)