Citation du jour 18-12-19
L’incapacité de rêver
Tout analyste s’appuie sur les rêves pour accéder à l’inconscient refoulé du patient et chacun de nous a pu constater les modifications qui s’opèrent dans la qualité et l’utilisation du rêve au cours de l’analyse : les rêves nous aident à entrer en contact avec les fantasmes inconscients et les relations d’objet; ils nous révèlent également, à nous et à notre patient, les mécanismes de défense préconscients du moi qui échappent aussi bien à l’observation qu’à l’introspection. L’utilisation plus massive, on pourrait dire plus subtile du transfert, dans les techniques actuelles de thérapie analytique, a, en quelque sorte, déplacé l’intérêt que nous portons au rêve, considéré comme principal véhicule du matériel de l’inconscient. »
Masud Khan, « Le Soi caché »
Citation du jour 17-12-19
Le vécu de soif, de sécheresse dans la bouche et « le désert d’amour »…
Je souhaite ici seulement ajouter une note par rapport au vécu de soif, de sécheresse dans la bouche et sur les lèvres, sur le plan affectif un « désert d’amour ». L’écoulement du lait maternel a besoin de rencontrer l’écoulement de la salive dans la bouche du bébé qui en fait avale un mélange de lait et de salive. Cette « vitalisation » réciproque peut souffrir, soit de l’absence trop longue du sein (la mère) ou de l’écoulement trop lent du lait, soit du manque d’appétit du bébé ou des angoisses par rapport au sein. Cette vitalisation réciproque s’accompagne normalement de la rythmicité des lèvres et du tournoiement de langue du bébé autour du mamelon ainsi vitalisé et vitalisant[1].
[1] Ces considérations viennent de l’enseignement de Margaret Gween Evans, collaboratrice principale pour la psychanalyse des enfants de Mélanie Klein (1945-1955) à Londres et ma collègue à Nashville, Tennessee, USA (1960-1965).
Citation du jour 16-12-19
Sur le surinvestissement des mots
On sait depuis Freud que dans la régression psychotique, les investissements retirés aux objets se reportent sur les mots. Il est bien clair que les mots sont surinvestis aux dépens des objets, et qu’ils le sont à la fois pour leur sens et dans leur aspect sémantique.Autre chose est le surinvestissement qui ne s’effectue pas au détriment de l’investissement d’objet. Autre chose encore, au sujet des mots, le surinvestissement de leur substance et de leur chair : celui de la phonétique. Un surinvestissement couplé et heureux du sens et de la substance des mots se trouve à l’origine de la capacité poétique.
Paul-Claude Racamier
Le génie des origines Psychanalyse et psychoses
Citation du jour 15-12-19
Le psychanalyste n’entend pas l’inconscient…
Le paradoxe du psychanalyste : « Si tu dis :’J’entends ce à quoi je suis sourd’, ton honnêteté est en défaut. Tu te places dans la situation d’Epiménide le Crétois, affirmant que tous les Crétois sont menteurs. Lorsque tu prétends entendre l’inconscient des autres, tu te prends au paradoxe : comment entends-tu l’inconscient puisque tu le nommes inconscient ? N’es-tu pas, psychanalyste, conscient de ta propre inconscience lorsque tu prétends à cette capacité ? Erreur vulgaire qui souhaite et accuse : le psychanalyste n’entend pas l’inconscient. Il en examine seulement les manifestations. Il peut les reconnaître survenant chez son patient, après avoir longuement et patiemment appris à les reconnaître en soi-même. C’est là sans aucun doute son savoir particulier ».
Annie Anzieu
Citation du jour 14-12-19
Le travail de la mort
L’analyste d’aujourd’hui, aux prises avec le narcissisme- celui de ses patients, de ses collègues et le sien- éprouve parfois le sentiment que ce qui lui provient de la grande rumeur de ce monde, obturé de ciment et fissuré de lézardes, n’est que l’écho de ce qu’il entend dans son cabinet apparemment feutré. » Je me tiens, disait Freud, au rez-de-chaussée ou au sous-sol du bâtiment. » Nous dirons, nous, encore moins confiants que lui dans le pouvoir de l’Architecte : aux frontières de la mort et de la vie, frontières toujours mouvantes et qui ne se tracent que pour s’effacer et se reporter ailleurs. »
Jean-Bertrand Pontalis
« Sur le travail de la mort »